.......................... Fanny David ...........................

2009. Peinture blanche - traceur de stade de foot , 20m de diamètre

Photographie : Gaëlle Bonin

Expositions collectives

2011 "Land art"
Fête de la ruralité
La Guerche de Bretagne (35)

2011 "Formation réticulée"
Festival Oodaaq
Rennes (35)

2011 "Alimentaire mon cher"
Galerie du sentiment océanique
Bordeaux (33)

2011 "Protubérance annulaire"
Appartement rue de Paris
Rennes (35)

2010 "Mulhouse 010"
Biennale d'art contemporain
Mulhouse (68)

2010 "Dans la forêt"
Frac Aquitaine
Bordeaux (33)

2010 "Réserve"
Ecole supérieure d'arts et céramique
Tarbes (65)

2009 "Refresh"
Galerie Omnibus
Tarbes (65)

2009 "Caisse à céramique"
Musée Calbert
Grisolles (82)

Ecrits

"Je suis simple. Ca m’ennuierait de mourir avant la fin de ma vie. Ma mère a longtemps tricoté tous mes pull-overs. Ce qui présente un avantage pour le choix des couleurs. Son travail était extrêmement soigné. Comme ils n’ont pas d’argent, ils restent au lit toute la journée, à tricoter côte à côte. J’imagine. Juste le tricot qui dépasse des couvertures. On avait jamais entendu parler de peinture dans ma famille. Chaque matin le même rituel, avec une rigueur et une régularité extrême, des formes géométriques. Une écriture à la fois automatique, abstraite et narrative, dans un aller retour incessant entre le passé et le présent. L’essence de la croyance est l’établissement d’une habitude. Oui, j’ai plusieurs types d’obsessions. Celles liées au manque d’air, une sorte d’angoisse de ne plus pouvoir respirer. Chaque soir j’ai travaillé au sortir de la mine. J’arrivais fatigué mais la fatigue partait aussitôt que je me mettais à peindre. Le travail est ennuyeux, long et fastidieux mais le résultat est beau et émouvant. Pendant trois semaines, ma main bougeait à peine, j’en perdais patience, je n’avançait pas et il y avait tant de travail à faire!... Mais ce qui compte, c’est que je sois obligé de partir de mes possibilités, des conditions qui constituent le fondement de mon travail, mon potentiel. Je me sers de mon travail pour tâcher de savoir ce que j’ai en tête, et pour comprendre la raison de mes actes. Non, c’est plus proche du travail à la machine... aller au travail à l’usine. Je crois que les gens font la même chose tous les jours et c’est ça la vie. Quoi que vous fassiez, c’est toujours la même chose. Tout le monde se ressemble et se comporte de la même façon et ça s’accentue. Je pense que tout le monde devrait être une machine. Je pense que tout le monde devrait aimer tout le monde. C’est aimer les choses. Parce qu’on fait toujours la même chose. On le fait encore et encore. Le processus et mécanique et ne doit pas être altéré. Il doit suivre son cours. De compte à rebours en compte à rebours, la journée finit toujours par passer. L’esprit ne commandait qu’une partie du travail, l’autre s’exécutant de façon réflexe. On va plus lentement en travaillant à la main, mais cela permet de penser à autre chose le temps d’avoir terminé. La rapidité est sublime et la lenteur majestueuse. Entretenir l’état hypnotique. Un état de rêverie poétique. Elle renvoyait l’image positive de sa capacité à surmonter les épreuves. Trouver satisfaction dans la pénibilité qu’il s’impose. Saisir chaque occasion de montrer qu’on ne se laissera pas couler. Une façon comme une autre d’afficher le respect de soi. J’espère seulement ne pas avoir perdu ma naïveté et être toujours capable de tels efforts qui au fond sont tout à fait superflus. L’artiste comme l’artisan passaient un temps infini à représenter méticuleusement la nature au point que certains en perdaient la vue et d’autres la raison. Le tapis a été déroulé mais non sans mal, au prix d’une lutte de tous les instants. Le produit fini ne doit en aucun cas rappeler la pénibilité de la tâche. Il y a une stricte analogie entre de nombreux aspects du commerce de la restauration et celui du théâtre. Le client ne doit pas savoir ce qui se passe en cuisine, ça gâche le plat. L’idée devient une machine à faire de l’art. Des machines à rêver avec ce que la rêve peut nous offrir de merveilleux et de divin. Une fabrique démesurée. Ce n’est pas romantique, cela relève du partage du travail. Les uns conçoivent des modèles de sociétés, les autres des tableaux, et chacun fait du mieux qu’il peut. Si je me souviens bien chacun préparait ce pour quoi il se sentait meilleur. C’est la force de cette quête intérieure au coeur du monde ouvrier. Chercher à éliminer les classes ; à rendre meilleur ce qui a été pensé et connu dans le monde disponible partout ; à faire vivre tous les hommes dans une atmosphère de douceur et de lumière... c’est là l’idée sociale. Se satisfaire de ce miracle : survivre, s’habituer. On s’habitue à tout paraît-il. Il y avait en moi un fond de paresse énorme. Se laisser couler dans la masse. Ce que je fais est automatique. On ne va jamais aussi loin que lorsqu’on ne sait pas où l’on va. J’aime mieux vivre, respirer que travailler. Je vis ma peine comme eux mais reste libre d’en fixer le temps. Je ne considère pas que le travail que je fais puisse avoir une importance quelconque au point de vu social dans l’avenir. Mon travail dans une large mesure est très naïf. Donc si vous voulez, mon art serait de vivre ; chaque seconde, chaque respiration est une oeuvre qui ne s’inscrit nulle part, qui n’est ni visuelle ni cérébrale. C’est une sorte d’euphorie constante. On imagine un moyen de faire quelque chose et voilà. Ce n’est pas très intéressant de la réaliser concrètement, puisqu’elle est déjà faite dans notre esprit. L’acte de production ne peut pas être nié. Simplement, il n’a rien à voir avec l’habilité du «fait main», mais seulement avec la capacité de voir et de décider ce qui doit être visible. Comment c’est fabriqué n’a rien à voir ni avec l’art, ni avec l’aptitude artistique. Il faut jouer pour devenir sérieux. On apprend beaucoup de sa propre fantaisie. L’irrationnel réclame une certaine discipline, il n’est pas ennemi des règles et inversement. Les femmes sont pleines de sagesse et folles quand elles réfléchissent. L’esprit résolu et rigoureux que l’on doit adopter n’en comporte pas moins quantités de détours et de zones d’ombre pleines de sensations confuses et complaisantes. Ne pas être responsable de son oeuvre, en être le maître. L’artiste ne peut pas comprendre son propre art. Sa perception n’est ni meilleure ni pire que celle d’un autre. Imaginer donc une oeuvre en perdant le plus de temps possible. Donne l’impression de se poursuivre à l’infini. C’est notre imagination qui la poursuit indéfiniement vers l’extérieur, comme si elle refusait d’accepter le caractère artficiel de la «fin». Oui. L’artiste moderne travaille avec l’espace et le temps, il exprime ses sentiments plutôt qu’il ne les illustre...."

Extrait de Parmi des milliers d'autres pois
Montage de textes 2009

samedi 1 août 2009